Manon Lescaut


Manon Lescaut, Prévost


Cet extrait de Manon Lescaut, de l'abbé Prévost, constitue une scène attendue du roman : la rencontre amoureuse. Dans cette scène inaugurale, le lecteur peut déjà imaginer la destinée de ceux qui ne sont pas encore amants. Le hasard d’un évènement (la flânerie désœuvrée de Des Grieux qui, en compagnie de son ami Tiberge, attend son départ fixé au lendemain) met en présence Des Grieux et Manon qui débarque du coche d’Arras. C’est le coup de foudre immédiatement. Ce récit du premier souvenir est placé tout entier sous l’éclairage des suites fatales de l’aventure. Deux regards se superposent : celui du jeune chevalier, charmé par Manon et celui d’un narrateur mûri par l’expérience douloureuse de la passion : récit et confession se conjuguent pour poser pour la première fois l’une des questions fondamentales du roman : Qui est Manon ?
 
I-                 Un coup de foudre :

a)      Un portrait allusif de Manon : une forte impression produite par une jeune ingénue

Pas de portrait physique, moral seulement quelques mots qui la décrive : « charmante » ; « belle inconnue »...

Vision de Des Grieux sur Manon è « la douceur de ses regards » ; « un air charmant de tristesse »

b)      Un « coup de foudre » : un amour immédiat au hasard d’une rencontre

Des Grieux tombe amoureux dès le premier regard : « « je me retrouvais enflammé tout à coup jusqu’au transport » 

Rencontre hasardeuse : Des Grieux rencontre Manon sur la place publique par hasard.

 

II-                Un amour qui s’annonce tragique :

a)      L’annonce d’un amour passionnel

Sentiments crescendo du narrateur (gradation) : « charmante » ; «enflammé tout à coup » ; « maîtresse de mon cœur » ; « amour naissant » è vocabulaire de la préciosité

Des Grieux est prêt à tout pour la faire sortir du couvent «  Je combattis la cruelle intention de ses parents »

 

b)      La présence de la fatalité

L’amour entre ces deux personnes semblent impossible è Manon est destiné à être enfermé au couvent et Des Grieux en souffre : « je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs » è utilisation d’un vocabulaire violent et hyperbolique de tragédie

Situation qui va mal se finir : « l’ascendant de ma destinée m’entraînait à ma perte »

 

III-              Une image ambiguë des personnages :

a)      Une apologie personnelle de Des Grieux : innocence, inexpérience et remords

Des Grieux parle de l’inexpérience qu’il avait à l’époque : « « j’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter » ; « n’ayant point assez d’expérience pour imaginer tout d’un coup les moyens de la servir » è utilisation du passé qui montre implicitement que ce n’est plus le cas aujourd’hui

a.      Mais un comportement osé dû à un personnage féminin présenté aussi comme habile, expérimenté et enclin aux plaisirs

Manon Lescaut sait que Des Grieux peut-être la clé de sa liberté, serait-elle manipulatrice ? « Si je voyais quelque jour à pouvoir la mettre en liberté, elle croirait m’être redevable de quelque chose de plus cher... »

Implicitement, on sait que c’est une libertine, une femme ayant « un penchant au plaisir » (litote)

 Conclusion:
  Les premières rencontres sont les passages obligés et constituent souvent les morceaux de bravoure des romans d’amour. Celle-ci est paradoxale : elle mène le bonheur du coup de foudre, le ravissement amoureux et le malheur qui va lui succéder. La passion amoureuse est ainsi présentée à la fois comme une ivresse et un danger. Mais le narrateur, ranimé par son propre récit, oublie en effet qu’il a entamé une confession pour se livrer à une apologie de l’amour. Le lecteur est conquis, subtile habileté de l’auteur.

 

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