Voyage temporel sur le dos des mots

  J'ai, comme beaucoup d'autres, appris à lire sur les bancs de l'école. Mais les premières lectures que je me souviens avoir faites sont... les inscription sur les paquets de gâteaux ! Je me souviens encore, et comme si c'était hier, du sentiment de fierté que ressentais en déchiffrant les ingrédients.
  A mon entrée en CP, j'ai commencé à entretenir mon classeur de lecture. Nous lisions les histoires une première fois en classe, et nous devions les conserver dans ce précieux classeur. Alors, souvent, toute seule dans ma chambre, mon lit se transformait en nuage, et je volais, emportée par ce récit que j'avais lu et que je relisais. Même toute seule, la magie opérait : je lisais ! C'est à ce moment là que j'ai eu comme cadeau un abonnement à une revue pour enfants : "Je lis déjà".
Chaque histoire que j'y lisais me passionnait, et je ressentais déjà cette étrange sensation d'entrer au cœur même des mots et de partir en voyage sur leur dos. Pour moi, lire c'était comme rêver...
  C'est en CM1 que j'ai lu mon premier livre pour l'étudier. Tistou les pouces verts, un livre qui s'est révélé être un écrit magique, qui abordait avec toute la sensibilité qu'il me fallait pour aborder des sujets qu'on ne comprend jamais quand on est petit : la guerre, les grandes personnes, leur travail... la réalité. J'ai pu facilement identifier au personnage merveilleux de Tistou mes peurs et mes doutes, et avancer avec plus d'assurance.
   Mais les lectures les plus importantes à mes yeux ne sont pas vraiment celles faites en cours ( bien que certaines de ces dernières m'aient vraiment marquée, et beaucoup touchée : Antigone, Thérèse Raquin, œuvres cruellement assez bien écrites pour vous arracher de la compassion, de la tristesse envers ces personnages qui tuent et qui trompent ). C'est parce que je trouve ces auteurs d'une autre époque remarquables, et qu'ils arrivent à nous faire voyager dans un monde qui change constamment, qu'ils arrivent à nous faire ressentir leurs émotions, leurs propres émotions, que le livre qui me "fait rêver" c'est un recueil de lettres. Des lettres d'amour, écrites par de grands écrivains, mais aussi des peintres, des hommes importants, des soldats et même des anonymes du monde entier des XIX et XX siècles. Leur dernière lettre, lettre envoyée, lettre retrouvée à un amour. Femme ou amante, mari ou amour caché jamais révélé, mère ou frère, ami ou bien cousin. Et j'ai compris la passion, les sanglots étouffés, la délivrance d'un je t'aime trop longtemps enfouis, que l'on avoue enfin avant sa mort. les coeurs brisés autrement qu'aujourd'hui. J'ai continué de rêver, j'ai souvent pleuré sur ce livre. 
  Au collège, j'ai commencé à écrire. Beaucoup. D'abord des poèmes, et petit à petit, des lettres (jamais envoyées, souvent brûlées, jetées, envolées, oubliées). Écrire parce que j'en avais besoin, écrire quand j'en ai besoin. Entretenir le lien avec cette personne partie trop tôt, ce morceau de moi qui ne reviendra pas, mon papa ; et quand j'écris, quand je lui écris, quand je lui raconte ma vie, j'espère n'importe où qu'il soit, qu'il est simplement fier de moi.
  Alors voilà, aujourd'hui, je lis et écris chaque fois que j'en ai envie, chaque fois que j'en ai besoin. Car cela me permet finalement de vivre ailleurs, autrement. Partir dans ce monde parallèle où l'on peut voyager dans le temps, dans le monde, le vrai, l'imaginé ; simplement avec des lettres, des mots, des phrases, douce folie

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

A vos stylos ! (euh, claviers..)

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.