Liaisons dangereuses lettre 81

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LES LIAISONS DANGEREUSES
LETTRE 81

Mouvement littéraire : Les Lumières
Visée : Merteuil explique sa conduite. Laclos en fait le porte-voix des femmes qui se révoltent contre leur condition. Il montre aussi l’orgueil de Merteuil qui se croit au-dessus des autres femmes.
Thème : Libertinage d’idées, manipulation, condition féminine.
Genre : Roman épistolaire
Situation de passage : Lettre presque centrale dans le roman, ; apparition d’une nouvelle intrigue : Prévan, un libertin a plaisanté en public de la marquise et celle-ci souhaite se venger. Valmont met en garde Mme de Merteuil au sujet de la réputation de Prévan. Dans cette lettre, la marquise ignore les conseils de Valmont et assume sa supériorité.
Problématique : Quel autoportrait de la femme libertine se dégage dans cette lettre ? Comment est représentée l’éducation des jeunes filles ? De quelles qualités Merteuil fait-elle preuve ? Comment Merteuil défend-elle les femmes tout en faisant preuve de supériorité à leur égard ?

  1. Le récit d’une éducation libertine
  1. Une éducation avant tout personnelle
  • Champ lexical de l’éducation toujours accompagné de la 1ère personne : « m’instruire », « m’appris ».
  • Merteuil souligne les étapes chronologiques et méthodologiques de son éducation :
  • L’observation (« observer et réflechir »)
  • L’apprentisssage de la dissimulation et de la maîtrise de soi
  • De la dissimulation à la simulation = maniement de l’hypocrisie (« sure de mes gestes, j’observais mes discours ; je réglais les uns et les autres »)
  • De l’introspection à l’étude des autres (« coup d’œil pénétrant »)
  • L’expérience de la sexualité
  • Education faite de façon absolument solitaire, sans l’intervention du moindre ‘initiateur’ : « je n’avais à moi que ma pensée » + marque de la 1ère personne toujours présente.
  1. Les étapes de cette éducation
  • Tout d’abord, « il faut observer et réfléchir », « curiosité » = Mme de Merteuil est passive en apparence mais active intellectuellement. Education qui cherche à aller au-delà des apparences = elle veut deviner ce qui se cache derrière les apparences. (cf vocab cacher / montrer)
  • Double utilité de cette éducation :
  • Apprendre des connaissances « instruire »
  • Pratiquer par imitation : « m’appris à dissimuler » en observant les autres lui dissimuler des choses, cela lui apprend elle-même à dissimiler à son tour.
  • Puis mise en pratique : « j’en essayai l’usage ».
  • Dissimulation : « je réglais les uns et les autres ».
  • Découverte pratique du plaisir : « succéda celui de le goûter ».

  • Une éducation très exigeante : « avec soin » montre son assiduité, le sérieux et la rigueur du travail qu’elle s’est assigné avec gradation « j’ai porté le zèle jusqu’à » « avec le même soin et plus de peine ».
  1. Education dans l’esprit des Lumières
  • Champ lexical de la pensée : « profonde réflexion », « réfléchir », « ma pensée ».
  • Champ lexical de l’observation : « regard distrait », « coup d’œil pénétrant ».
    Les étapes même de l'éducation se rapprochent d'une démarche scientifique : observation, expérimentation, mise en pratique. 
  • Tout, chez la marquise, passe par la tête, comme elle le soutient elle-même, puisque la bienséance l’empêche de rien laisser paraître : « Ma tête seule fermentait ».
  1. L’hypocrisie du personnage
  • Champ lexical de l’hypocrisie : « me montrer sous des formes différentes », « je réglais les uns et les autres » =Une arme pour Mme de Merteuil dans la mesure où elle lui permet de conserver sa liberté durant sa jeunesse lorsqu’elle a pu protéger sa propre pensée et observer les autres pour ainsi pouvoir mener sa ‘carrière’ de libertine.
  • Tout est calculé en fonction de son profit : « utile », « servant », « m’appris ».
  • Maîtrise de soi : « Ressentais-je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sécurité, même celui de la joie » antithèse.
  1. Les motivations d’un tel discours
  1. L’affirmation de soi
  • Présence de la 1ère personne dans tout l’extrait prédominante : « j’ai su », « je voulais », « je sentis » ; De nombreux adjectifs possessifs : « mes goûts », « mes principes », « mon caprice » ; « je suis mon propre ouvrage »
    «  mais je n’avais à moi que ma pensée, et je m’indignais qu’on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté ». Surabondance de la 1ère personne du sg. dans cette phrase.
  • Champ lexical de la volonté : Elle est mue (du verbe mouvoir) par sa propre volonté et reste maitresse d’elle-même : « à mon gré », « à volonté », « contre ma volonté ».
  • Se présente comme une créatrice de ‘principes’ mais aussi d’êtres humains, tel un véritable démiurge (=Nom donné par les Platoniciens à l'intelligence créatrice). Dans un sens, elle est son propre dieu.
  1. Un personnage orgueilleux et supérieur
  • Mepris évident :
  • Pour la société Merteui ramène la société à un impersonnel ‘on’, à qui elle prête peu d’intelligence : « tandis qu’on me croyait » = société qui n’est pas doué d’intelligence car enfermée dans ses préjugés. Société présentée comme éminemment hypocrite.
  • Par rapport aux autres femmes : « qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? », « ces femmes actives dans leur oisiveté »
  • Implication de Valmont, sous forme de 2ème personne, comme témoin de sa propre réussite, de son ‘don’ : « que vous avez loué si souvent », « dont je vous ai vu quelque fois si étonné » = intensif « si » présent deux fois.
  1. Une révolte contre la condition des femmes de l’époque
  • Discours vindicatif une revanche à prendre sur la société qui d’emblée l’avait cantonnée à un rôle subalterne en tant que femme : «vouée par état au silence et à l’inaction ». «  Je m’indignais » = fort ressentiment.
  • « Munie de ces premières armes » : vocabulaire de la guerre qui montre bien qu’elle perçoit la société comme un ennemi.
  1. Conclusion
  • Approfondissement du portrait de Mme de Mertueil : elle apparaît égocentrique et son coté libertin est réellement mis en valeur (libertin au sens de "liberté" ici : sa valeur suprême). On voit également le coté roué avec le jeu sur les apparences.
  • Comme c’est une femme, elle ne peut assumer son libertinage : elle doit donc passer pour vertueuse.
  • Contrairement à Valmont qui fait cela pour le plaisir, Merteuil le fait par nécessité : elle recherche la vengeance et se bat contre sa condition de femme.

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