Autobiographie d'une accro aux livres


 Autobiographie d'une accro aux livres :

Quand j’étais encore trop jeune pour être moi-même lectrice, c’était ma mère qui lisait pour moi. Je me souviens encore de ces moments passés sur le canapé du salon, bercée par la voix de ma mère qui lisait ces albums dont les plus beaux ont encore une place sur les étagères de ma chambre. A l’époque, j’étais encore trop jeune pour n’apprécier que la beauté des mots auxquels je préférais les images que je ne me lassais pas de regarder.

            Quand j’ai enfin su lire seule le français, je me suis attaquée à l’allemand que je parle couramment étant donné que j’ai passé les premières années de ma vie en Autriche. Il faut croire qu’une langue ne me suffisait pas. Comme j’étais encore petite, je me délectais de petits romans, bien que j’en laissais souvent d’inachevés. C’est aussi à cette période que j’ai commencé à tenir un journal inutile dans lequel je rassemblais divers prospectus (si bien que sans le cadenas, il serait impossible de le fermer !).

            Plus tard, j’ai jeté mon dévolu sur des romans pour la jeunesse (que j’achetais un peu au hasard selon que la couverture me plaisait ou que quelqu’un m’en avait parlé). Je lisais aussi quelques BD. Je me rappelle aussi avoir commencé Le Capitaine Fracasse de Théophile Gaultier, que j’ai abandonné, découragée par l’interminable description du château de la misère, inhabituelle, et qui manquait d’action. Pourtant, lorsque je l’ai relu quelques années après, j’ai trouvé cette description absolument formidable : la précision est telle que je pouvais m’imaginer le château de la misère et ses habitants avec tant de détails, comme si moi-même l’avais visité ; et j’ai dévoré ce chef d’œuvre jusqu’à la dernière page ! J’écrivais plus régulièrement. Un temps, je nommais mon journal intime « Intrépide » (une idée qui me venais d’une de mes lectures et que j’ai abandonnée trouvant que c’était « gamin » et « débile »). En troisième, je n’écrivais plus que très peu dans mon journal intime. En effet, comme j’ai eu des problèmes d’anorexie, seul mon poids m’importait. Mon journal était alors le témoin de l’inquiétante diminution de mon poids et c’est à lui que je confiais mon désespoir si j’avais pris ne serait-ce que quelques grammes. Mais je m’égare : c’est une autre histoire.

            Maintenant, métaphoriquement, je pourrais dire que je suis un oiseau qui picore un peu partout. Je voyage dans le temps avec des classiques, essayant un peu tous les auteurs (en vue du Bac mais aussi pour le plaisir, pour admirer la belle écriture de Victor Hugo ou Marcel Proust). Je me suis aussi prise de passion pour la littérature russe, car ces auteurs me font voyager dans un pays que j’aimerais tellement visiter ; j’ai beaucoup aimé Crime et châtiment de Dostoïevski où l’auteur m’a fait découvrir la pauvreté, l’amour, la folie mêlés harmonieusement dans un univers sombre et magique et Oblomow de Gontscharow, un roman dont le héros, qui aurait tout pour réussir sa vie, reste oisif, sans rien faire, à l’écart de la société, comportement que j’ai trouvé étrange et qui m’a fascinée.

            Plus tard, je n’imagine pas ma vie sans livres. Je ne sais pas quels univers je découvrirai, mais une chose est sûre : c’est qu’il y a tant de livres que j’aimerais lire que, de toute ma vie, je n’aurai pas le temps de m’ennuyer (heureusement !).

            Je pense pouvoir dire, comme Sartre dans son autobiographie Les mots : « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres ».

3 commentaires:

  1. Ton texte est très beau et très touchant

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  2. Ton autobiographique est vraiment très touchant!J'ai beaucoup aimé ton texte et en particulier le premier paragraphe.

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A vos stylos ! (euh, claviers..)

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